Volet 8: La musique italienne

Quelques étapes de l’histoire musicale italienne

La musique italienne a traditionnellement été l’un des indicateurs culturels de l’identité nationale et ethnique italienne et a occupé une position importante dans la société et la politique. L’innovation musicale italienne, dans la gamme musicale, l’harmonie, la notation et le théâtre musical, ont permis le développement de l’opéra à la fin du XVIe siècle, et une grande partie de la musique classique européenne moderne, comme la symphonie, le concert et la sonate ; allant d’un large spectre d’oeuvres de musiques instrumentales classiques et de musiques populaires provenant à la fois de sources locales ou importées.
On doit à Guido Monaco (ca. 991-1033), moine bénédictin italien, la création de ce que l’on considère aujourd’hui comme les sept notes utilisées pour solfier la musique écrite sur le pentagramme.
Le moine a utilisé les premières syllabes de chaque phrase de l’hymne à Saint Jean, qui commence par « Ut Queant Laxis ».

  1. Ut queant laxis
  2. resonare fibris,
  3. Mira gestorum
  4. famuli tuorum,
  5. Solve polluti
  6. labii reatum,
    Plus tard, on ajouta le Si, pris des premières lettres du nom « Sancte Ioannes »,
  7. Sancte Iohannes.
    Au XVIIe siècle on changea le « Ut » par le « Do » (à partir de « Dominus ») plus facile à chanter, même si le ‘Ut » est encore en usage en France.
    A noter que dans le XIXe siècle à Nippur, aujourd’hui en Irak, a été découverte une tablette gravée par les Sumériens avec l’écriture cunéiforme autour de 2000 av. J.-C., contenant les premières formes de notation musicale. Une autre tablette de 1250 av. J.-C. montre une forme de notation plus développée.
    Bien que l’interprétation de ce second système fasse encore l’objet de débats, il est clair que l’écriture indique le nom des cordes sur une lyre, dont l’accordage est explicité sur d’autres tablettes.
    Quand on parle de musique italienne on pense à il bel canto (le beau chant), un chant pratiqué à l’opéra depuis le XVIIe siècle, par les voix de solistes masculins qui, au début du XIXe siècle, a évolué offrant de nouveaux rôles à des interprètes féminines.
    La virtuosité développée par ces chanteurs a non seulement contribué à faire évoluer la technique du chant dans des genres très éloignés de l’opéra, mais a également stimulé le développement de la technique instrumentale, par exemple, dans le concerto de soliste, genre né au début du XVIIIe siècle, les parties confiées aux solistes ne sont au fond rien d’autre que du ‘bel canto’ adapté à la musique instrumentale.
    La fidélité à la musique est intégralement tissée dans l’identité sociale des Italiens, mais aucun style n’a été considéré comme un « style national » typique.
    La plupart de la musique folk est localisée et unique pour une petite région ou ville.
    L’ héritage classique de l’Italie, cependant, est un point important de l’identité du pays, en particulier l’opera. Les pièces d’opéra traditionnelles restent une partie populaire de la musique et une composante intégrale de l’identité nationale. L’Italie a longtemps été un centre pour la musique classique européenne et à la fin du XIXe siècle la musique classique italienne a forgé un son national particulier, décidément romantique et mélodique, comme il est typique des oeuvres de Giuseppe Verdi. [1]
    Le terme luthier, dérivé de luth (un ancien instrument à cordes), désigne l’artisan qui fabrique, restaure (répare), règle ou expertise les instruments de musique à cordes pincées ou frottées tels que violons, violoncelles, contrebasses, guitares, etc.
    Ce métier a connu un véritable âge d’or aux XVIIe et XVIIIe siècles en Italie avec des luthiers aussi virtuoses que désormais célèbres comme Stradivari, Amati, Guarneri et Vinaccia.
    Les instruments à corde varient beaucoup en fonction des localités, sans aucun modèle pouvant être considéré d’importance nationale.
    L’origine de la mandoline remonte à la première moitié du XVIIe siècle. Il en existe plusieurs types dont les plus répandus sont la mandoline napolitaine, avec 8 cordes (sol-ré-la-mi à couples unisones), et la mandoline milanaise avec 12 cordes. Vers le milieu du XVIIIe siècle débute la production de mandolines napolitaines par la Casa Vinaccia, famille de célèbres luthiers, les mêmes qui ont commencé à fabriquer, en 1764, la guitare avec presque toutes les caractéristiques de la guitare moderne, transformant la guitare baroque qui à son tour dérive de l’instrument médiéval à cinq cordes appelé quinterna (en français guiterne).
    La guitare trouve un bon support populaire avec la chanson napolitaine.
    Critiques, historiens, exégètes sont tous d’accord pour dire que la chanson italienne est née à Naples.
    Plus compliqué, sinon impossible, de trouver un titre qui a commencé la tradition.
    On peut dire que l’histoire de la chanson italienne a commencé en 1848 avec la composition de « SANTA LUCIA » (Sainte-Lucie), d’Enrico Cossovich et de Teodoro Cottrau, ceci bien avant l’unité de l’Italie.[2]
    Jusqu’à la Grande Guerre, la renommée de l’Italie, considérée comme le pays des mandolines et du beau chant, s’identifia à la chanson napolitaine, diffusée également par des millions d’émigrants, et valorisée par la voix unique d’Enrico Caruso.[3]
    La musique italienne, à partir de la fin du XIXe siècle, a été influencée par des styles internationaux, cependant, sous la politique du régime fasciste, qui monta au pouvoir en 1922, les musiques étrangères ont étés supprimées en encourageant le nationalisme et la pureté linguistique et ethnique. Des artistes célèbres, cependant, ont quittés le pays et ils ont pu s’approprier des styles et techniques étrangères. Le jazz américain a eu une influence importante sur les chanteurs comme Alberto Rabagliati, qui a êté connu pour son style swinguant. [4]
    Des éléments d’harmonie et de mélodie du jazz et du blues étaient utilisés dans de nombreuses chansons populaires, tandis que les rythmes venaient souvent des danses latines comme le tango, la rumba et la béguine. Les compositeurs italiens incorporent des éléments de ces styles, tandis que la musique italienne, en particulier la chanson napolitaine, est devenue partie intégrante de la musique populaire dans toute l’Amérique latine.
    Dans l’immédiat après-guerre, la chanson italienne a été submergée par l’invasion de la musique et des danses américaines, portées par les troupes de libération : le swing, le jazz et le tout nouveau boogie woogie. Mais cela n’a pas duré longtemps, et la renaissance de la chanson italienne a eu lieu sur deux axes. D’une part la chanson régionale avec celle napolitaine, toujours au premier plan.
    D’autre part, s’est réaffirmée la traditionnelle chanson mélodique, « à l’italienne », dans son intonation nostalgique-sentimentale et dans celle de l’allégresse, mise en relief par le Festival de la Chanson Italienne de Sanremo, qui naît en 1951 à l’initiative de la RAI et rencontre tout de suite un succès considérable de la part du public. En 1954 la manifestation déménage à la télévision.
    Stimulée par des nouveautés étrangères, la chanson, le rock ‘n’’ roll, le jazz, et par les supports des 45 et 33 tours, une nouvelle génération d’auteurs et d’interprètes prend ses distances par rapport à la tradition mélodique et entame un profond processus de renouveau. En 1958, avec la victoire de Domenico Modugno au Festival de Sanremo : la chanson gagnante, Nel blu dipinto di blu, (plus connu sous le nom de Volare) deviendra la chanson italienne la plus réussie de tous les temps. Des dizaines de versions en plusieurs langues seront enregistrées, toutes dans les meilleurs classements de la moitié du monde à partir des USA, marché notoirement difficile pour les artistes étrangers. [5]
    Cette génération comprend les interprètes les plus célèbres tant en Italie qu’à l’étranger, de Modugno à Claudio Villa, de Mina à Adriano Celentano, d’Al Bano à Renato Zero, de Toto Cutugno à Umberto Tozzi. Dans les années 1960 des auteurs-compositeurs, du beat et de la pop progressive s’inscrivent sous le signe des covers et créations originales. Au milieu d’une pléthore d’imitateurs, des interprètes innovateurs comme Mina et Celentano, émergent à la tête de ce que l’on appelle les hurleurs, qui vont connaître une carrière inégalée grâce au rock ‘n’’ roll. Ces rythmes importés restent cependant une curiosité marginale jusqu’au milieu des années Soixante, quand éclate la mode beat et naissent les
    premiers groupes, dont le répertoire est constitué principalement de reprises de succès étrangers. C’est seulement à partir de 1969 que naît un rock italien aux caractères originaux, s’inspirant du modèle du rock progressif anglo-saxon, favorisant le dépassement de la forme de la chanson.
    Ce répertoire de base se constitue dans les années Soixante, pour s’élargir dans les Soixante-dix et Quatre-vingt sous l’ influence de la pop internationale, de la musique disco aux sons électroniques.
    Ainsi, une nouvelle génération émerge, en poursuivant un chemin qui la conduit à dérégionaliser davantage une tradition à laquelle contribuent aussi des stars du pop international en duo avec des artistes italiens. Andrea Bocelli, Laura Pausini, Eros Ramazzotti, Zucchero sont parmi les principaux représentants de la pop qui parle italien.

[1]Giuseppe Verdi – Nabucco – Va, Pensiero
Année: 1842
[2]Roberto Murolo – Santa Lucia
Année: 1849
Marco Adovasio – Torna a Surriento
Année: 1902
Roberto Murolo – Reginella
Année: 1917
[3]Enrico Caruso – O Sole Mio
Année: 1916
https://www.youtube.com/watch?v=L7n1e3qp0Y8
[4]Alberto Rabagliati – La Strada Nel Bosco
Année: 1943
[5]Domenico Modugno – Nel blu dipinto di blu
Année: 1958

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